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18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 16:57

* 18 juillet 1915

 

Avec Marthe et les enfants, j'ai obtenu du Commandant du dépôt l'autorisation de n'arriver à VANNES que le 20, bien que mon congé expire le 19.

 

Le soir, diner de famille avec Emile, Laure et les enfants.

 

Emile repart demain et nous voyagerons ensemble jusqu'à BORDEAUX.

 

J'ai reçu mon uniforme neuf qui me va convenablement.

 

* 19 juillet 1915

 

Départ à 12 h 40 avec Emile. Voyage charmant jusqu'à BORDEAUX où nous dinons ensemble au buffet. A 21 h 20, Emile file sur PARIS tandis que nous nous installons dans le train de NANTES qui démarre à 22 h. Arrivée à NANTES le lendemain.

 

* 20 juillet 1915

 

A 5 h 30, attente interminable jusqu'à 9 h 30. Traversée de la ville entre les gares ETAT et PO, billet de Marthe, enregistrement. Buffet, café au lait, sortie, visite de la cathédrale. Enfin, départ pour VANNES par une lamentable charrette. Achat d'un panier à REDON. Arrivée à 15 h 40. Nos cantines sont restées en route, chambre au DAUPHIN. Je vais au quartier. Le Commandant MANGIN, du dépôt, se fait attendre. Les scribes m'apprennent la mort du Sergent ANDRE au 411e et de CHAUBY mon ancien Sergent Major de la 30e tué au 116e.

 

Enfin, le Commandant MANGIN arrive. Il est aimable. Il attendra pour me donner mon affectation, que j'ai vu le Médecin du Corps demain matin à la BOURDONNAYS.

 

Je rejoins Marthe. Toilette, visite à Mme ELIE : sortie !!!

 

En passant devant l'Hôpital Jules SIMON, je vois TEXIER le planton : arrêt joyeux ; il s'est marié pendant sa convalescence.

 

* 21 juillet 1915

 

Je vois le major GIRODET. Il me trouve encore faible et me signe un billet d'hôpital en me disant que je pourrai être présenté demain pour une prolongation.

 

A 16 h 30, je file à pied vers l'hôpital 33, au séminaire, au diable, plus loin que les réserves d'artillerie.

J'arrive suant, soufflant. On m'inscrit et l'on... me renvoie coucher à mon hôtel.

 

Après diner, en voiture nous revenons Marthe et moi au 33 pour y prendre mes pièces car demain matin, j'entrerai pour ferme au dépôt de convalescents dont le Chef, Docteur GROUWBEL me proposera pour une convalescence.

 

*22 juillet 1915

 

7 h 30 - Je vais au dépôt des convalescents. J'en sors aussitôt avec avis d'aller à 9 h 30 ä l'hôpital mixte pour la visite.

 

En route rencontre du Commandant FRIXON du 28e d'Artillerie, notre voisin de QUIMPER. Il arrête sa

voiture, vient à moi : il fait partie de la commission d'examen. Simple formalité que cette comparution. On me donne un mois de prolongation. Visite à la femme de CARO.

 

Préparatifs de départ, nous filerons ce soir sur QUIMPER.

 

18 h - A la gare, je rencontre COCHEREL. Caporal infirmier cité sur mon rapport et toujours reconnaissant : il a eu un congé de 6 jours et rentre au 316e qui est au repos à PIERREFONDS. Un Poilu à ma recherche me porte un télégramme de SCHMITT me félicitant pour arriver prochainement à LYON...! En embarquant, je reconnais notre Cousin le Commandant ANGE qui va à LORIENT, nous voyageons ensemble jusqu'à cette ville ; son fils, Henri, brancardier, a été blessé et cité à sa brigade.

 

0 h 30 - Arrivée à QUIMPER. Le brave père PERODEAU nous attend, nous nous installons, hâtivement. Dodo.

 

* 23 juillet 1915

 

Vérification du logis. Pas de dégâts. Nous voyons les GRIMAUD qui nous invitent le soir.

 

Déjeuner chez nous après marché avec Marthe. Langouste exquise, langoustines, vin de CAHORS.

 

Télégramme explicatif de SCHMITT : je suis nommé substitut du Commissaire du Gouvernement près le Conseil de Guerre de LYON.

 

Attente de la lettre de service. Diner cordial chez les chers GRIMAUD.

 

* 24 juillet 1915

 

Déjeuner chez GRIMAUD. Diner chez nous. Je reçois une lettre de service, nous partirons demain.

 

* 25 juillet 1915

 

Déjeuner chez GRIMAUD. Départ à 18 h.

 

Séparation à NANTES à 23 h.

 

* 26 juillet 1915

 

Arrivée à LYON à 13 h. Descente à l'hôtel d'Angleterre.

Visite au Conseil de Guerre où je vois plusieurs camarades.

 

Je vais voir SCHMITT : mal fichu, endocardite.

 

Diner au restaurant BAYARD où pension arrêtée. Boulevard : je rencontre DURAND, Sous-Préfet de St-CLAUDE, mon vieux camarade de TOULOUSE, beau-frère de FENOUX, Sénateur du Finistère.

 

Coucher à 22 h.

 

* 27 juillet 1915

 

Recherche d'un appartement. Je dine avec SCHMITT et DURAND.

 

* 28 juillet 1915

 

J'arrête une location rue des Prêtres 8, maison tranquille, quartier calme, appartement propre et artiste : 140 F par mois.

 

Diner avec SCHMITT et DURAND. Dans l'après-midi, visite au Chef d'Etat-Major qui me dit que ma nomination est due à son désir d'avoir un Substitut énergique auprès d'un Conseil de Guerre faiblard. Il me fait prévoir ma nomination comme Commissaire du Gouvernement, le titulaire, le Capitaine COMBE étant âgé et malade. Le Capitaine COMBE est un ancien Dominicain professeur de rhétorique au Collège d'ARCUEIL qui, séduit par le métier militaire après son service, a continué dans l'armée : c'est un esprit orné, très fin, parfaitement bienveillant.

 

Mon collègue, l'autre Substitut, est BOUSQUET, Lieutenant de réserve, blessé en Septembre, à la Marne. C'est un Marseillais froid, transplanté à PARIS.

 

* 29 juillet 1915

 

Rien de saillant.

 

* 30 juillet 1915

 

Longue audience de 13 à 20 h. Après un diner rapide, je vais retrouver MAIREY au café, il est avec un camarade de la Légion. Nous allons au beuglant entendre des inepties, ce qui nous coûte 3 F à chacun.

 

MAIREY part demain pour LA VALBONNE.

 

* 31 juillet 1915

 

Rien de particulier. Demain nous serons obligés d'aller Conseil en vue de la répression d'un mouvement annoncé contre la guerre. .

 

* 1er août 1915

 

Matinée libre que je passe en partie sous les ombragés de BELLECOUR.

 

L'après-midi, je vais au Conseil où je demeure jusqu'à 17 h. Je sors avec BOUSQUET (l'autre Substitut, Avocat à Cour de Cassation). Nous allons à la Cathédrale, pour essayer d'entendre un prédicateur très prisé, vainement à cause de l'affluence. Alors, nous prenons le funiculaire voisin et nous montons à FOURVIERE où nous avons outre l'admirable vue, un air exquis, presque trop frais.

 

J'emmène BOUSQUET à mon petit hôtel pour diner. Puis, allons au cinéma voisin où nous passons une agréable soirée : il y a des films de tranchées fort intéressants.

 

* 2 août 1915

 

Courses en ville pour trouver un lit à 2 places : on demande de 15 à 20 F par mois. Je ne tranche pas la question : j'attendrai Marthe.

 

Le soir, je quitte le Conseil avec BOUSQUET que j'accompagne chez lui oû nous sommes rejoints par son colocataire, fondé de pouvoir du Comptoir d'Escompte. Ils m'emmènent diner dans une brasserie immense pas loin de hôtel.

 

 

 

* 3 août 1915

 

Marthe arrive à midi 35. Je vais l'attendre et la manque sur le quai. Je sors et la trouve à l'extérieur de la gare. Les enfants et elle ont déjeuné. Je les laisse : elles iront directement à notre logis. Je vais manger.

 

Nous nous installons dans l’après-midi. La location d’un lit supplémentaire aurait coûté trop cher. Nous nous arrangerons sans çà.

 

* 4 août 1915

 

Nuit assez mauvaise dans un lit trop étroit.

 

Marthe et les enfants montent à FOURVIERE.

 

* 5 août 1915

 

Nuit un peu meilleure avec l'accoutumance.

 

Nous allons au parc de la Tête d'0r. J'y laisse mon monde pour aller au Conseil.

 

Le soir, nous aménageons le divan de notre chambre en lit pour Marthe.

 

* 6 août 1915

 

Cette fois, ce sont les moustiques qui ont troublé le sommeil de Marthe.

 

Dans l'après-midi, nous allons acheter un tub et divers objets de ménage au bazar.

 

Je vais au Conseil puis je rejoins mon monde à BELLECOUR.

 

* 7 août 1915

 

Toujours les moustiques ! Au Conseil, le Capitaine COMBE m'apprend que les Officiers déclarés inaptes passeront une visite le 16 août. Quelle scie I Et combien la pénurie doit être grande pour faire râcler ainsi tous les fonds de tiroir !

 

L'après-midi, au sortir du Conseil, je rejoins Marthe et les enfants à BELLECOUR.

 

Il y fait délicieux sous les arbres. Les petites jouant au cerceau. Totor n'y est pas très experte.

 

* 8 août 1915

 

C'est dimanche, mais aucun service ne chôme. Après une apparition au Conseil, je vais à la Place pour voir le Chef d'Etat-Major qui est fort aimable et m'engage à revenir à midi pour voir le Gouverneur. Je retourne au Conseil, puis je reviens à la Place, à l'heure dite. Réception très bienveillante du Général MEUNIER.

 

Après déjeuner, nous allons au Parc en tram et n'en repartons qu'à 18 h 25. Excellente journée sous la verdure. Le parc, très vaste, est vraiment beau. Mais quelle foule !

* 9 août 1915

 

Rien de particulier.

 

* 10 août 1915

 

J'ai une grosse audience : affaire CLUZEL, fournisseur de l’Etat, qui a livré des ressemelages où le remplissage avait été fait avec du carton. C'est un gros garçon, important industriel de LYON, défendu par 2 vieux avocats. Il a passé des marchés énormes pour des chaussures, des équipements, des culottes (1600000 F de celles-ci !). Les ressemelages qui étaient payés 5.25, il les faisait exécuter par des ouvriers, en chambre, à qui il fournissait un cuir infect et des clous : les patins cloués et non cousus étaient minces et spongieux : il en avait pour 0.50 en tout et payait 1.50 ou 1.75 aux ouvriers, total du bénéfice pour faire environ 3 F.

 

Pauvre contribuable ! L'argent roule, accaparé par des agioteurs indignes avec la complicité ou l'incurie de l'Intendance.

 

On lui a foutu un an de prison. Il était bien étonné le pôvre I

 

* 11 août 1915

 

Rien de particulier.

 

* 12 août 1915

 

Toujours chaleur accablante.

 

A 17 h, je rejoins Marthe et les enfants à BELLECOUR (comme tous les jours où je n'ai pas audience). ALCOCK passe, je l'arrête et il s'assied avec nous.

 

* 13 août 1915

 

Le Capitaine BOUTET demande un congé pour aller aux eaux. Peut-être BOUSQUET le remplacera-t-il, ce qui me laisserait toute la charge des audiences.

 

* 14 août 1915

 

Je passerai la visite lundi 16 à 13 heures.

 

Nous sommes dévorés de moustiques pendant la nuit.

 

Les journées sont très chaudes.

 

* 15 août 1915

 

Dimanche. Bureau le matin. L'après-midi, sortie en famille. Nous allons en train à Ste FOY pour y chercher la campagne, des ombrages. Dès le débarqué, cheminement, à travers un bourg, puis sur un chemin étroit qui chemine entre des murs élevés, devient horriblement caillouteux et ne nous conduit, au bout de 20 minutes de marche qu'à une échancrure donnant accès à un champ pelé et brûlé de soleil. Nous nous y asseyons, cependant, les enfants goûtent, puis nous reprenons le chemin de retour, dégoûtés.

 

* 16 août 1915

 

Je quitte le Conseil de Guerre à 14 h 30 avec ALCOCK et BOUSQUET. Nous allons à petits pas à l'Ecole de Santé Militaire transformée en hôpital. Nous errons dans des bâtiments multiples et finissons par arriver à moitié hauteur d'un amphithéâtre profond comme un puits. C'est solennel et rappelle les années d'étudiant avec les examens de juillet. LE GIVRY est un fond du puits : deux Médecins principaux et un Lieutenant-Colonel sur les bancs, une soixantaine d'Officiers de toutes armes qui se succèdent rapidement devant les examinateurs. Un seul de ces derniers, médecin colonial interroge et palpe : les autres sont muets.

 

Au bout de 3/4 d'heure, je suis appelé. On me demande la date et la cause de mon évacuation, ma situation actuelle, en faisant spécifier que c'est une situation fixe et l'on me remercie ; même cérémonial pour mes deux camarades.

 

Nous prenons un bock sur le chemin du retour.

 

Courte apparition au Conseil de Guerre, puis je ressors avec BOUSQUET, nous faisons un tour de boulevard, puis je le quitte et vais retrouver Marthe et les enfants à BELLECOUR.

*17 août 1915

 

Toujours les moustiques ! Ils empoisonnent nos nuits pendant lesquelles nous nous livrons plusieurs fois à des recherches, à de vraies chasses pour atteindre ces minuscules mais puissants adversaires.

 

*18 août 1915

 

Rien.

 

*19 août 1915

 

Rien. Je veille un peu pour la préparation de mon audience de demain où viendra une affaire d'espionnage : un Suisse de 52 ans, marié à une Boche, a bêtement avoué, sans preuves, à la Police d’une gare frontière, qu'il était espion.

 

*20 août 1915

 

Audience de 13 à 19 h 25. Le Suisse nommé NIEDERER est condamné à mort. Nous apprenons que le pourvoi d'un autre espion, le Belge FLAMME, a été rejeté. Il y a deux autres affaires d'espionnage à l'instruction.

 

*21 et 22 août 1915

 

Rien. Henri est promu Capitaine.

 

*23 août 1915

 

Lettre très affectueuse de BIGEARD qui a rencontré JEHANNE de qui il a appris mon évacuation.

 

* 24 août 1915

 

Rien.

 

* 25 août 1915

 

Lettre exquise de Paul LAVALLEY. Dès mon arrivée au Conseil, le Père COMBE m'avise que le Gouvernement de la Place mande à son hôtel tous les Chefs de services militaires ce matin à 10 heures et que je suis chargé d'aller représenter mon Chef qui se dit souffrant. Je rentre au logis chercher mes gants et mon sabre. Puis je vais avenue de Noailles, près du Parc où devant le n° 38,

je vois une multitude de gros légumes, Généraux, Colonel, les plus modestes ont 4 galons et tous sont brillants comme des astres. J'ai l'air d'un parent pauvre. Le Gouverneur survient et nous invite à entrer : je pénètre humblement le dernier. Nous sommes nombreux qui n'avons rien à voir avec la conférence. Le Gouverneur interroge chacun de nous sur son titre et renvoie les inutiles. Je suis de ceux-là et je m'esbigne, rentrant à pied jusqu'à BELLECOUR où je trouve Marthe et les gosses.

 

* 26 août 1915

 

Journée quelconque. A 17 h, je quitte la boite et avant d'aller rejoindre Marthe à BELLECOUR, je vais voir les dépêches au Journal "Le Progrès".

 

En sortant du Hall, je suis accosté par un troupier : je reconnais LANGLADE, le notaire de MONTBRISON. Il m'annonce qu'il a rendez-vous avec SCHMITT et MAIREY qui vient de le

VALBONNE pour passer la soirée à LYON. Et pendant que nous causons, survient MAIREY, qui m'invite à diner avec la bande. J'accepte et vais le dire à Marthe, je suis chargé, accompagné de Louise qui est obligée d'aller faire une station au logis, puis je la ramène à BELLECOUR et retrouve

mes camarades que rejoint bientôt SCHMITT au café de la Paix.

 

A 19 h, tram et nous descendons dans une immense brasserie de PERRACHE, style boche. Nous saluons la femme de LANGLADE et ses parents qui achèvent leur repas avant de rentrer à MONTBRISON et nous nous installons à 4 dans un coin, à une table particulière.

 

Repas très cordial, service trop long, nous finissons seulement à 21 h. Thé ou verveine à la Paix.

 

A 22 h, nous nous quittons.

 

* 27 août 1915

 

Audience de 8 affaires avec 13 accusés dont 7 employés du PLM, inculpés de vol. A l'issue de la séance, je vais prendre des bocks à la Paix avec 3 membres du Conseil. Nous causons. Ce sont de braves gens et qui commencent à connaître leur métier de juges.

 

* 28 aout 1915

 

Rien.

 

* 29 aout 1915

 

Lettre de Germaine HOUEIX annonçant que J os e p h est depuis 6 semaines au 24e Colonial à PERPIGNAN. Il est parti le surlendemain de la naissance de leur petite Renée. La situation ainsi faite à ce cher garçon es t inima g inable. Ancien réformé, n'ayant fait aucun service, on le reprend, 38 ans passés, lorsqu'il est un personnage civil important pour en faire un simple troupier qui sera soumis au

commandement des gosses de classes 14, 15 e t 16 et p ar surcroît, c'est dans la Coloniale qu'on le place ! Voilà où no us conduit la plaie de l égalitarisme. Il n'est pas un autre pays au monde oû l'on aurait osé cette lâcheté car c'en est une, c'est de la surenchère démagogique, qui nous délivrera de tous ces sinistres farceurs qui, bien à l'abri, derrière leur mandat législatif, se font les champions de la vertu et de l héroisme ?

 

Après-midi au Parc oû nous avons deux ou trois petites ondées.

 

Je rencontre le Dr VALLETTE du 264e en congé de 6 Jours. Il est avec une femme, originaire de LYON, il repart demain.

 

La petite opération du 6 Juin a coûté 6 000 hommes. Quel malfaiteur que ce NIESSEL ?

 

* 31 août 1915

 

Lettre de CARO GIRAUD a été tué JOSSET blessé, RUSQUET est passé Adjudant à la 20e. CARO va aller en permission ; il voudrait bien demeurer à l'arrière, mais le moyen ?...

 

Lettre de PINOT qui est au front dans l'intendance. Il a retrouvé ALIZON. Il parait ravi.

 

* 1er septembre 1915

 

Rien. Le pourvoi en révision NIEDERER est rejeté.

 

* 2 septembre 1915

 

Le temps devient frais. Toujours des moustiques. Lettre de Léon, affectueuse.

 

* 3 septembre 1915

 

Lettre de Mme HOUEIX. Joseph est parti pour destination inconnue, peut être LE VALBONNE, ce qui me permettrait de le voir.

 

Carte affectueuse de BILLAUD.

 

Audience assez chargée qui se termine à 19 h.

 

Il pleut. Le temps devient frais.

 

* 4 septembre 1915

 

Rien.

 

* 5 septembre 1915

 

Journée italienne à BELLECOUR. Les petites entendent

GUIGNOL. Nous rentrons ensuite.

 

* 6 septembre 1915

 

Je vais au Parquet Général pour y parler de HOUEIX. Je ne trouve que PIREL, qui, déjà au courant pour HOUEIX a signalé la situation au Procureur Général ; celui-ci a promis de faire le nécessaire.

 

* 7 septembre 1915

 

En sortant du Conseil, je vais au café avec l'ex Collègue DENIS, mobilisé comme Commis Greffier. Tout d'un coup, devant le tram, d'oû descend un Capitaine qui vient vers moi souriant, je reconnais VIALA, décoré, Croix de Guerre, qui après blessure (la 2°) et convalescence est au dépôt du 217e. Il s'installe avec nous. Longue conversation : sa femme va venir le rejoindre pour quelques jours, en

attendant son retour au front.

 

* 8 septembre 1915

 

Longue audience. Je manque la bénédiction de la ville par le Cardinal du front de FOURVIERE. En sortant du conseil, je vois BELLECOUR noire de monde. J'aperçois VIALA et son dernier frère devenu Lieutenant, et qui est permissionnaire. Mme VIALA arrive demain.

 

* 9 septembre 1915

 

Dans l'après-midi, je suis appelé à la Place, comme Commissaire du Gouvernement, COMBE, malade, ne rendre. Grande conférence au sujet de l'exécution de demain à 5 h, au champ de tir de la DOUA. Le réglé en détail.

 

Entrevue avec SCHMITT : HOUEIX est passé à l'improviste à la gare PERRACHE, avec son détachement, le pauvre ami !...

 

SCHMITT me met au courant d'une cabale contre le Capitaine COMBE et ALCOCK, à l'occasion d'indiscrétions commises par les secrétaires d'Etat-Major et que les grands chefs leur imputent. Il s'agit de la convocation des membres du Conseil avant l'affaire CHEZEL. Or, un Adjudant prévaricateur, poursuivi et condamné 2 jours plus tard, a été informé et en a fait un incident. Le Capitaine CHOQUENEY, Conseiller à la Cour et chargé à la Place des affaires judiciaires, n'a pas défendu COMBE et ALCOCK qui pensent être sacrifiés sans avoir été entendus.

 

* 10 septembre 1915

 

Réveil à 2 h 15. A 2 h 45, je file à la prison St-PAUL. Réunion de tous ceux qui doivent assister au réveil de FLAMME. A 3 h 30, nous entrons dans sa cellule. Je le trouve éveillé et calme.

 

Je lui annonce le rejet de son recours en grâce. Il s'habille froidement, se confesse, entend la messe.

 

4 h 30 - Autos. Nous filons vers la DOUA. Service d'ordre sur le champ de tir que FLAMME traverse à pied. On l'attache au poteau en face du peloton d'exécution. Il crâne, sans forfanterie. Les yeux bandés, il dit vouloir faire révélations, je l'exhorte mais il se ravise. Dix secondes après il est exécuté. Coup révolver à la tempe, halète, puis devient inerte. Constatation du décès. Retour auto au logis à 5 h 30. Je me recouche.

 

Nous avons à déjeuner les VIALA, très affectueux.

 

* 11 septembre 1915

 

Excursion avec les VIALA à la Croix-Rousse. Je les y laisse pour aller travailler.

 

* 12 septembre 1915

 

Dimanche. Excursion à FOURVIERE avec nos amis. Montée par la "ficelle", descente à pied. Nous terminons la journée BELLECOUR.

 

* 13 septembre 1915

 

Comme les 2 jours précédents, les VIALA déjeunent chez nous. Ils accompagnent Marthe et les enfants au parc. Moi, je vais au Conseil pour préparer mon affaire d'espionnage (PETERSEN) de demain.

 

Mme HOUEIX annonce son passage entre 21 et 23 heures. Nous allons la voir en gare de PERRACHE avec les VIALA.

 

Elle a une jolie petite fille qui ne se réveille pas pendant notre entrevue dans la salle d'attente. Les sœurs sont avec elle ainsi que le petit garçon de la seconde. Elle retourne à CETTE. Joseph est près de CHALONS. Il avait fait une demande pour devenir Sous-Lieutenant de territorial de Gendarmerie. J'annonce à notre amie que PIREL m'a dit aujourd'hui même que le Procureur Général avait sur son insistance après notre entrevue, écrit au Grand Prévôt de l'Armée. Elle est heureuse de cet espoir.

 

* 14 septembre 1915

 

Audience à 13 h, après le déjeuner avec les VIALA que nous invitons tous les matins. J'ai l'affaire PETERSEN (espionnage) : j'obtiens une condamnation à mort.

 

L'audience chargée, se termine à 20 h 45.

 

* 15 septembre 1915

 

Rien.

 

* 16 septembre 1915

 

VIALA repart la semaine prochaine. On le réclame à son Régiment (217e) où sa place lui est gardée.

 

* 17 septembre 1915

 

Rien de saillant. Marthe et les enfants passent les journées avec nos aimables amis, tandis que je suis à mon bureau. Je les rejoins à 17 h à BELLECOUR et nous nous promenons ensemble jusqu'au diner.

 

* 18 septembre 1915

 

Même programme. Mme VIALA vient seule à 11 h 30 et m'annonce que son mari m'attend à la Paix avec SCHMITT et MAIREY qui repart ce soir à destination du 1er Etranger.

 

Je passe un moment avec eux, je salue le brave MAIREY puis VIALA et moi revenons au logis.

 

 

 

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